Assange libre depuis une semaine : dernières informations

Julian Assange est libre, en Australie, depuis une semaine et il aura 53 ans ce mercredi. Le dernier anniversaire qu’il a pu fêter en toute liberté c’était le 3 juillet 2010, il avait alors 39 ans et WikiLeaks s’était fait connaître mondialement en révélant la vidéo Collateral Murder. Voici les informations importantes que nous avons apprises depuis la libération – une vraie et belle victoire qu’il faut célébrer ! –, notamment sur l’accord conclu entre le journaliste australien et le département de la Justice des États-Unis :

  • le 26 juin, lors de l’audience à l’issue de laquelle Julian Assange est sorti libre, la juge états-unienne Manglona du tribunal fédéral de Saipan (île Mariannes du Nord) a déclaré : « le gouvernement a indiqué qu’il n’y avait pas de personne victime dans cette affaire. Cela signifie que la diffusion de ces informations [par WikiLeaks] n’a pas entraîné de préjudice physique connu. » Washington admet donc avoir menti sur ce point. Logiquement, ceci aurait dû déclencher dans les médias une avalanche de correctifs et d’excuses. On attend toujours… 
  • lorsque la juge a demandé à Julian Assange ce qui constituait le crime pour lequel il a admis une culpabilité, il a répondu : « En tant que journaliste, j’ai encouragé ma source [Chelsea Manning] à fournir des informations dites classifiées afin de les publier. Je pense que le premier amendement protège cette activité [et que celui-ci] et l’Espionage Act sont en contradiction l’un avec l’autre. » Il a donc plaidé coupable… d’avoir fait du journalisme (vous pouvez entendre sa voix claire et posée ici) ;
  • un plaider-coupable ne fait pas jurisprudence, ainsi l’accord ne pourra pas servir à poursuivre d’autres journalistes et renforcer la position juridique du département de la Justice US. Comme l’a dit l’avocate australienne Jennifer Robinson, ce n’est pas cet accord qui constitue un précédent inquiétant mais les quatorze années de procédures ;
  • lors de la conférence de presse à Canberra après l’arrivée de l’avion qui a ramené le fondateur de WikiLeaks sur sa terre natale, Stella Assange a déclaré que Julian avait besoin de temps pour se reposer et récupérer, et elle a demandé que leur intimité soit préservée pendant qu’ils passent du temps en famille, jusqu’à ce qu’il soit prêt à s’exprimer publiquement, au moment qu’il aura choisi ;
  • elle a également dit que la libération de son mari était l’œuvre de « millions de personnes… des personnes travaillant dans l’ombre, des personnes qui ont manifesté dans la rue – pendant des jours, des semaines, des mois et des années » ;
  • Barry Pollack, l’avocat états-unien de Julian Assange, a déclaré à cette même occasion que le fondateur de WikiLeaks n’était pas soumis à une « clause de silence » (gag order) par l’accord conclu avec Washington. C’est un point crucial. Cela veut dire qu’il pourra s’exprimer librement ;
  • par contre, selon cet accord, Julian Assange a dû renoncer à son droit de « FOIA » (Loi pour la liberté de l’information) sur les dossiers US le concernant. Mais heureusement, la remarquable journaliste Stefania Maurizi va continuer avec l’aide de ses avocats spécialisés en FOIA à chercher la vérité sur cette persécution judiciaire ;
  • Julian Assange s’est également engagé à « détruire » les documents non publiés provenant du lot fourni par Chelsea Manning (contrairement à ce qui a été souvent répété, WikiLeaks était consciencieux et avait décidé de ne pas rendre publics certains documents, estimant qu’ils mettaient en danger certaines personnes) ;
  • de son côté, Washington s’est engagé à ne pas lancer de nouvelles poursuites contre Assange, que ce soit pour les révélations de 2010-2011 (documents Manning) ou pour toutes les autres publications de WikiLeaks effectuées jusqu’à la date d’entrée en vigueur de l’accord ;
  • si les États-Unis ont décidé de conclure un accord après quatorze ans de persécution, ce n’est pas par clémence, les raisons suivantes les y ont vraisemblablement contraints : (1) la croissance du mouvement de solidarité mondial, le martyre de Julian Assange devenant de plus en plus flagrant ; (2) la crainte de perdre l’appel au Royaume-Uni et de se retrouver avec une jurisprudence gênante pour d’autres demandes d’extradition à l’avenir ; (3) les efforts diplomatiques de l’Australie ; (4) la grande difficulté dans laquelle se trouve Joseph Biden pour l’élection présidentielle de novembre prochain.

Stella Assange a posté ce message sur son compte X/Twitter aujourd’hui : « Julian Assange est sorti de prison, mais le combat pour sa liberté (et la nôtre !) continue. Les actions menées contre lui n’ont pas seulement un effet dissuasif, elles ont un effet glaçant. Nous continuerons à œuvrer pour garantir une plus grande liberté à Julian et obtenir justice pour les nombreux abus – tétanisants pour les autres – dont il a été victime. »

Nous aussi, chère Stella !


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